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Au Pakistan, le premier ministre, Imran Khan, piégé par la question du blasphème

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Imran Khan, le premier ministre pakistanais, le 16 mars 2020, à Islamabad.

C’est une affaire qui empoisonne le Pakistan et met en difficulté le premier ministre, Imran Khan. L’ambassadeur de France, Marc Baréty, est au centre, depuis plus de six mois, de tensions extrêmes, alimentées par les islamistes radicaux qui réclament son expulsion et menacent la stabilité du pays.

Après des semaines de violences, l’Assemblée nationale pakistanaise avait été convoquée, mardi 20 avril, pour se prononcer sur l’expulsion du diplomate français. Le débat a été confus, et les parlementaires devraient finalement statuer vendredi 23 avril. Le premier ministre espérait apaiser le climat, temporiser, en renvoyant la question sur les élus, sans prise de risque trop importante, car les motions du Parlement ne sont pas contraignantes pour le gouvernement.

Le conflit a débuté en octobre 2020, après l’assassinat de Samuel Paty, un enseignant décapité près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) pour avoir montré des dessins satiriques à sa classe, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression, après la republication de représentations du prophète Mahomet par l’hebdomadaire Charlie Hebdo. Le parti extrémiste Tehrik-e-Labbaik Pakistan (TLP) avait alors orchestré une campagne anti-française après qu’Emmanuel Macron a défendu le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression. Il réclame, depuis, la rupture des liens diplomatiques, le boycottage des produits français, et exhorte le gouvernement à « déclarer le djihad » contre la France. Le chef du gouvernement, Imran Khan, s’était lui-même lancé dans une escalade verbale à l’égard du président français, l’accusant « d’attaquer l’islam ».

Mobilisation de la rue

En novembre, à l’issue de plusieurs jours de manifestations très violentes, le TLP a prétendu, sans que ce soit confirmé, qu’un accord avait été conclu avec le gouvernement, prévoyant l’expulsion de Marc Baréty avant la fin avril 2021. Mais l’ambassadeur est resté en poste et, début avril, le TLP, furieux, a appelé ses troupes à descendre dans la rue. Quatre policiers ont été tués, plus de 800 blessés, et une dizaine pris en otage, obligeant le gouvernement à interdire, le 15 avril, la formation et à arrêter son chef, Saad Hussain Rizvi.

Le blasphème est puni par la loi et plusieurs milliers de Pakistanais ont été condamnés à mort ces dernières années. Mais les peines ne sont jamais mises à exécution

« La crise actuelle donne une impression de déjà-vu, mais elle est un révélateur et un accélérateur d’un climat délétère. La question du blasphème infiltre désormais toute la vie politique et sociale au Pakistan, et agit comme une chape de plomb, analyse Laurent Gayet, chercheur au CERI-Sciences Po. La classe politique et les militaires ont, pendant longtemps, instrumentalisé le fait religieux, ils sont maintenant eux-mêmes piégés. »

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