
La première bombe à fragmentation est lancée dans le prétoire, mardi 25 et mercredi 26 mai. Elle s’appelle Franck Attal. « J’ai été naïf au début. Je pensais que chacun allait accepter sa part de responsabilité. Aujourd’hui, je répondrai précisément aux questions qui me seront posées. Et je dirai qui. »
Franck Attal est l’un des quatorze prévenus qui comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy en 2012. Il répond de faux et usage de faux, complicité de financement illégal de campagne électorale, et complicité d’escroquerie. Onze ans plus tôt, il était directeur général adjoint de Event & Cie, une filiale de la société Bygmalion chargée de l’organisation de « l’évènementiel ». Trouver des salles, les équiper, installer une scène, des loges, superviser les décors, l’éclairage, la régie vidéo, anticiper le moindre grain de sable, magnifier le tout.
« Il faut que ça pète, il faut mettre le paquet »
A l’aube de l’année 2012, Franck Attal rejoint la poignée de ceux qui préparent secrètement la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Tout doit être prêt pour le jour où le président sortant annoncera qu’il se représente à l’élection. Le groupe Bygmalion a été sollicité ; l’UMP (devenue Les Républicains) est déjà son plus gros client depuis que Jean-François Copé est installé à la tête du parti. Il a un atout majeur, ses dirigeants sont d’anciens conseillers restés très proches du nouveau patron de l’UMP.
A la mi-janvier, donc, Franck Attal est convoqué à l’Elysée en présence notamment de Guillaume Lambert, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy et de son adjoint Jérôme Lavrilleux, qui est aussi le directeur de cabinet de Jean-François Copé. On lui annonce officiellement qu’il est chargé d’organiser les réunions publiques du futur candidat. « Quatre, cinq meetings » sont évoqués. La feuille de route est encore floue, mais on lui donne une première date, le 19 février, et un premier lieu, Marseille.
Très vite, les choses s’accélèrent. Nicolas Sarkozy décide d’anticiper son entrée en campagne, un nouveau lieu et une nouvelle date sont fixés, ce sera Annecy, le 16 février.
« Il faut que ça pète, qu’on sente la chaleur, il faut mettre le paquet », lui dit-on. Franck Attal déploie ses équipes, triple les lignes analogiques, double les lumières, s’efforce de répondre à toutes les demandes supplémentaires qui lui parviennent au fil des heures. Une folle campagne commence.
Il vous reste 71.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Comments