
Si le mois de mars s’est achevé sur une note estivale avec des températures maximales records en France, les premiers jours d’avril sont marqués par une baisse conséquente de la température. Le climatologue Clément Viel, spécialiste des prévisions saisonnières à Météo-France, nous explique ces changements brutaux de température.
Comment peut-on expliquer les montagnes russes que connaît actuellement le mercure ?
Ces écarts nous impressionnent surtout lorsque l’on passe du chaud au froid. Néanmoins, ce n’est pas exceptionnel. Dans l’histoire récente de la météorologie, on trouve des situations similaires : en 1989, un pic de chaleur est survenu à la fin du mois de mars et les températures ont brutalement baissé au mois d’avril avec de la neige à certains endroits.
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On l’observe régulièrement au printemps, qui est une période de transition. En effet, il existe un fort contraste de température entre le nord et le sud de l’Europe. Selon l’orientation des flux, soit des vents, on enregistre des changements de température importants. Quand on a des situations météorologiques avec des flux de sud persistants, on observe une hausse importante des températures et, à l’inverse, quand les vents proviennent du nord, on peut avoir des baisses assez spectaculaires. Lorsque les températures sont plus homogènes entre le nord et le sud, comme en été, les contrastes sont plus faibles et cette situation se raréfie.
🥶Le pays reste sous l’influence d’une masse d’air très #froid. Les éclaircies nocturnes ont encore favorisé des… https://t.co/1JegJOH1S3
❄️ Des chutes de #neige plus ou moins marquées, observées en de nombreux endroits sur le pays ce matin, de la… https://t.co/amNIae75Jf
Dans le cas présent, peut-on parler de vortex polaire, ces vents de haute altitude qui tournent autour de l’Arctique en saison froide, susceptibles de s’écouler vers des latitudes méridionales ?
Il y a eu un réchauffement stratosphérique soudain en janvier et en février. Cela a pu expliquer les vagues de froid sur l’Europe mais, depuis, la stratosphère est revenue à une situation normale. Le vortex polaire, situé dans la stratosphère entre 10 km et 50 km d’altitude, est une dépression d’air froid au-dessus du pôle Nord qui s’installe pour l’hiver.
Autour de cet air froid se trouve un jet polaire qui circule [d’ouest en est] et qui peut s’affaiblir ou s’inverser au moment du réchauffement stratosphérique soudain. A son tour, le jet polaire va alors influencer le jet-stream [un bandeau de vents qui sépare l’air froid de l’air chaud à plus basse altitude] qui va se ralentir ou se déformer.
C’est à ce moment-là qu’il peut y avoir des répercussions plus bas dans l’atmosphère, avec des vagues de froid jusqu’à nos latitudes. En conséquence, il peut y avoir un lien entre le vortex polaire et les descentes d’air froid, mais ce n’est pas systématique. Dans notre situation actuelle, il n’y a pas eu de réchauffement stratosphérique soudain observé, donc ce n’est pas le cas.
Peut-on attribuer ces écarts de température récents au réchauffement climatique ?
Le changement de température actuel n’est pas véritablement la conséquence du réchauffement climatique. Il est surtout révélateur de la variabilité naturelle du climat.
Néanmoins, avec les douces températures persistantes additionnées au réchauffement climatique, on a battu des records de chaleur à la fin du mois de mars.
Et le réchauffement climatique aggrave les conséquences des refroidissements à cette époque de l’année : le réveil de la végétation étant de plus en plus précoce, les gelées tardives sont d’autant plus préjudiciables pour les arboriculteurs.
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