Les professionnelles de la pêche artisanale africaine ont attiré l’attention des gouvernants sur les impacts fortement négatifs des mesures contre le Covid 19 dans leur activité économique, et la survie même de leurs populations. Elles demandent, à travers un plaidoyer lancé par leur organisation, la Caopa, que l’amélioration de leurs conditions de travail devienne l’une des priorités des décideurs dans la sortie de la crise actuelle.
«Offrir des conditions de vie et de travail décentes aux femmes de la pêche artisanale est plus que jamais nécessaire pour éviter l’apparition de crises alimentaires et pour assurer la stabilité des communautés côtières en Afrique». Ce plaidoyer émane des femmes professionnelles de la pêche artisanale africaine. Affiliées à la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (Caopa), ces femmes disent n’avoir jamais connu de crise qui a affecté aussi profondément leurs activités que la pandémie de Covid-19. Dans un document, elles déplorent : «Les mesures que nos gouvernements ont mises en place pour freiner la propagation de la Covid-19 ont bouleversé notre approvisionnement auprès des pêcheurs, qui ne pouvaient plus sortir pêcher, et nos activités de transformation et de commercialisation rendues difficiles par les couvre-feux, le confinement et la fermeture des frontières. La Fao elle-même a souligné à l’occasion du Comité des pêches en février dernier que les travailleurs et travailleuses de la pêche artisanale sont les plus durement touchés par cette crise ‘’parce qu’ils n’ont pas assez de capital pour braver la tempête, mais aussi parce qu’ils dépendent de la pêche pour vivre et se nourrir au quotidien et qu’ils n’ont pas accès aux services de santé’’».
Pour ces professionnelles de la pêche, «l’amélioration des conditions de travail des femmes de la pêche artisanale africaine doit être la priorité des mesures qui seront prises par nos pays en vue de la reprise économique de l’après Covid-19. Aujourd’hui, la plupart des femmes dans la pêche artisanale africaine travaillent dans des conditions insalubres, pour un revenu de misère. Ce n’est plus admissible. Car les femmes de la pêche artisanale, tout comme les pêcheurs, ont été des travailleurs essentiels depuis le début de la pandémie».
Elles interrogent : «Sans la pêche artisanale, sans les femmes de la pêche artisanale, combien de millions de nos concitoyens africains auraient été privés de poisson pour se nourrir ?». Ces membres de la Caopa rappellent que «le poisson reste une source essentielle de protéines animales, de micro nutriments et d’acides gras dont l’importance est capitale dans les pays à faible revenu et les petits États insulaires africains, où les régimes alimentaires reposent en grande partie sur le poisson. Nous, les femmes de la pêche artisanale, sommes celles qui amènent le poisson du pêcheur au consommateur africain». A leurs avis, «cette crise a montré le rôle irremplaçable de la pêche artisanale africaine, et des femmes qui y travaillent, pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle». Raison pour laquelle elles invitent les pays africains à prendre conscience de cela et de protéger les zones de pêche, les sites de débarquement et de transformation de poisson, contre la prédation d’autres industries et activités qui exploitent les côtes.
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