Justice

« Dossier vide », « cinéma », « fantasmes »… Les avocats des « seconds couteaux » du procès Kriket étrillent l’enquête

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L’immeuble loué par Reda Kriket à Argenteuil où avait été découvert un arsenal de guerre, le 24 mars 2016.

Il faut s’intéresser aux lampistes dans les procès terroristes. Ils éclairent tantôt la complexité de cette matière hybride, tantôt les facilités de certaines procédures. Depuis le début du procès de la cellule d’Argenteuil, ils sont quatre seconds rôles réunis dans un box à attendre leur sort. Dans le box qui leur fait face sont assis les trois principaux accusés, soupçonnés d’avoir projeté un attentat. Malgré cette séparation physique, les sept hommes sont jugés pour le même chef : « association de malfaiteurs terroriste (AMT) criminelle ».

Cette infraction est d’une redoutable efficacité dans la lutte antiterroriste : elle permet de placer sous les verrous, au stade de l’instruction, des complices présumés pour des délits parfois mineurs en lien avec un projet d’action violente. L’infraction matérielle est généralement caractérisée. Mais pour que l’AMT soit constituée, l’enquête doit encore démontrer la connaissance qu’avait l’accusé de l’objectif terroriste du groupe qu’il a aidé.

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Vient alors le temps du procès. Mercredi 7 avril, les avocats des quatre seconds rôles de cette affaire – initiée après la découverte d’une impressionnante cache d’armes à Argenteuil (Val-d’Oise), en mars 2016 – se sont succédé à la barre pour mettre en pièces l’instruction. « Cinéma », « fantasmes », « dossier vide », « ineptie »… Derrière les formules, ils ont unanimement dénoncé une interprétation outrancière de l’AMT, qui vaut parfois à leur client d’être incarcéré depuis plus de quatre ans.

« Il joue l’argent de la cause au bingo ! »

« La justice ne doit jamais se confondre avec la lutte contre le terrorisme. La lutte antiterroriste doit agir vite, tisser sa toile, ne laisser passer aucun suspect. La justice c’est autre chose, elle doit tendre vers la vérité, sans emballement », a rappelé Me Xavier Courteille, qui défend, avec Clément Testard, l’accusé Rabah Meniker.

Analphabète et affable, brocanteur à ses heures et éboueur occasionnel, cet Algérien résidant à Bruxelles est accusé d’avoir servi de receleur pour le compte du principal accusé, Reda Kriket, l’homme qui a constitué l’arsenal d’Argenteuil. Le ministère public a requis à son encontre quatre ans de réclusion, une peine couvrant opportunément la durée de sa détention provisoire, habileté que ses avocats ont rejetée en demandant son acquittement.

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« Il fait quoi de ses journées, Meniker ? Il vend des parfums, lance Me Testard. Le ministère public dit que c’est grâce à ses activités de recel que la cellule s’est financée. Mais de quoi parle-t-on ? De deux montres qu’il reconnaît avoir vendues pour le compte de Kriket ? Est-ce cela qui a financé l’achat d’armes et d’explosifs ? » Dans le cadre de ses activités, rappelle l’avocat, Meniker s’est un jour trouvé dans l’impossibilité de rendre à Kriket 1 500 euros qu’il lui devait : « Il les avait joués ! Drôle de receleur, qui au lieu de financer un attentat joue l’argent de la cause au bingo ! »

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