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En Egypte, le combat de Laila Soueif pour les prisonniers politiques

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Laila Soueif, chez elle, dans le quartier de Dokki, au Caire, le 15 avril.

Laila Soueif est arrivée la première au rendez-vous fixé dans un grand hôtel du Caire. Elle fume une cigarette. Les conversations sont joyeuses alentour. Elle, la « matriarche » du clan des militants politiques, rit souvent, mais son propos est grave. Parmi les dissidents au pouvoir du président Abdel Fattah Al-Sissi, certains préfèrent, par prudence, la discrétion ou le silence. Elle, refuse de se taire.

« C’est une question de responsabilité. Je suis connue. J’ai un immense soutien de ma famille élargie. Je sais pouvoir compter sur celui de tant d’avocats qui étaient proches de Seif [Ahmed Seif Al-Islam, son mari, avocat et pionnier de la lutte pour les droits de l’homme en Egypte, mort en 2014]. Cela me place dans une position très privilégiée. Si je ne parle pas à voix haute, qui le fera ? » Regard cerclé par des lunettes, Laila Soueif, 64 ans, interrompt souvent ses phrases. Une pause, avant de mieux préciser. « De quoi avoir peur ? J’ai deux enfants en prison », dit-elle avec un triste sourire.

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Alaa Abdel Fattah, l’aîné, 39 ans, développeur de logiciels et blogueur, l’un des visages de la révolution de 2011, est incarcéré à la prison de haute sécurité de Tora, en banlieue du Caire, en détention provisoire. Sous contrôle judiciaire, après cinq années en prison, il a été de nouveau arrêté à l’automne 2019 : à cette époque, un vaste coup de filet, visant protestataires ainsi qu’intellectuels, opposants de gauche ou libéraux, a suivi des manifestations inattendues contre le pouvoir.

Sanaa Seif, la benjamine, 27 ans, monteuse de films, a, elle, été condamnée à dix-huit mois de prison en mars, notamment pour diffusion de « fausses informations » relatives au Covid-19. Elle avait été arrêtée à l’été 2020, après avoir manifesté avec sa mère et sa sœur devant la prison de Tora.

« Rendre la vie des détenus misérable »

Alors que l’épidémie se propageait, Laila et ses filles s’inquiétaient pour la santé d’Alaa et avaient réclamé la libération des détenus politiques. Mona, la cadette, 35 ans, chercheuse en cancérologie, qui a milité au cours de la décennie passée contre le jugement des civils par les tribunaux militaires, a quitté l’Egypte, mercredi 14 avril : un départ temporaire, a-t-elle expliqué sur Facebook, pour renouer avec un rythme qui ne soit pas calqué sur les horaires des visites en prison et des tribunaux. « Choyez ma mère », a-t-elle écrit.

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Nakodal

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