Le lien entre le vaccin produit par l’entreprise anglo-suédoise AstraZeneca et les troubles de coagulation observés chez une faible fraction de ceux qui l’ont reçu se confirme progressivement. « Nous pouvons désormais le dire, il est clair qu’il y a un lien avec le vaccin. Ce qui cause cette réaction, cependant, nous ne le savons pas encore », a indiqué Marco Cavaleri, responsable de la stratégie sur les vaccins à l’Agence européenne des médicaments (AEM) dans un entretien au quotidien italien Il Messaggero, publié mardi 6 avril.
Une sortie jugée quelque peu précipitée par l’AEM, dont le comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance est réuni à Amsterdam. L’agence a tenu à préciser mardi que celui-ci « n’a pas encore abouti à une conclusion ». « Nous communiquerons et organiserons un point presse dès que l’examen sera finalisé », a ajouté le régulateur européen, précisant qu’une annonce est pour le moment attendue mercredi 7 ou jeudi 8 avril.
Les éléments avancés par Marco Cavaleri marquent une évolution réelle de la position de son agence, qui s’était jusque-là montrée plus frileuse et conservatrice qu’un certain nombre de pays membres. Réunie le 18 mars, après que le vaccin a été suspendu dans presque tous les pays de l’Union, l’AEM avait indiqué que, même si elle « ne peut exclure définitivement » un lien entre les thromboses et le vaccin, celui-ci n’était « pas associé à une augmentation du risque global d’événements thromboemboliques ou de caillots sanguins ».
Les données de pharmacovigilance recueillies dans certains Etats membres suggèrent pourtant que ce risque, rarissime, n’est pas nul, comme le rappelle l’annonce faite par l’agence britannique du médicament, qui a fait état, samedi 3 avril, de trente cas détectés et sept décès dans la population vaccinée. L’Allemagne a, de son côté, rapporté un nombre anormalement élevé de thromboses veineuses cérébrales (TVC), un événement grave, mais habituellement rare en population générale.
Mécanisme allergique puissant
Plusieurs de ces cas graves ont été étudiés par une équipe de chercheurs allemands, dont les travaux, rendus accessibles en prépublication, le 28 mars, et donc encore non relus par des pairs, dessinent des premières pistes d’explication sur le mécanisme biologique qui provoque de tels troubles de la coagulation. Neuf patients vaccinés ayant souffert de thromboses ont été examinés, celles-ci se sont manifestées entre quatre et seize jours après l’injection : huit ont été atteints de TVC et un d’une embolie pulmonaire, quatre en sont décédés.
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