
Comment votent les jeunes ? Les études de sociologie électorale apportent des indications précieuses sur cette partie de l’électorat, qui se partage assez nettement en deux familles : les « primo-votants », les 18-24 ans, et les 25-34 ans. Premier constat, les jeunes votent peu, et l’abstention est de loin leur premier parti. A peine plus d’un jeune électeur sur deux entend aujourd’hui voter à l’élection présidentielle. « Environ 80 % de l’ensemble de la population se dit certaine d’aller voter en 2022, les 18-24 ans seulement à 58 %, indique Brice Teinturier, le directeur général délégué de l’institut de sondage Ipsos. Il est amusant de voir à quel point les candidats consacrent des discours à la jeunesse, alors qu’elle reste massivement la catégorie la plus abstentionniste. L’écart de mobilisation par rapport à la population générale est phénoménal. » L’abstention de l’ensemble de l’électorat est d’ailleurs majoritaire à tous les scrutins depuis le début du quinquennat, ce qui n’était jamais arrivé auparavant.
La surabstention des jeunes a toujours existé, mais pas à cette hauteur. Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP, situe le tournant en 2007, après le rejet deux ans plus tôt du traité constitutionnel européen avec une très forte participation (70 %). Lors de l’élection présidentielle de 2007, la participation est encore extrêmement forte (84 %).
« Les trois premiers candidats exprimaient, chacun dans leur genre, une rupture, un renouvellement, insiste Frédéric Dabi. Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou avaient réuni, à eux seuls, 77 % des suffrages, ce n’est jamais arrivé depuis. Après, chacun a déçu dans son camp, et l’abstention a progressé à chaque scrutin de référence, particulièrement chez les jeunes, alors que les primo-votants votaient quasiment autant que l’ensemble des Français. »
Messages aux jeunes du monde rural
Lorsqu’ils votent, les 18-24 ans le font pour le Rassemblement national (RN) à la même hauteur que le reste de la population : 21 % en 2017, autour de 20 % aujourd’hui – Marine Le Pen avait obtenu 21,3 % au premier tour de la présidentielle. En revanche, ces primo-votants avaient fondé en 2017 de gros espoirs sur Jean-Luc Mélenchon (29 % à 31 % d’intentions de vote, selon les instituts), qui sont beaucoup retombés aujourd’hui (19 %). Et si la candidature en 2017 d’Emmanuel Macron ne suscitait pas d’enthousiasme (18 %), ils se disent aujourd’hui prêts à 29 % à voter pour le chef de l’Etat. « Il y a un réel effet Macron chez les plus jeunes, relève Brice Teinturier, non seulement par rapport à 2017, mais aussi par rapport à Marine Le Pen, puisque Emmanuel Macron serait à 9 ou 10 points au-dessus d’elle. »
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