Face à la dégradation de la condition étudiante qui sévit depuis le début de la crise sanitaire et contre laquelle plusieurs organisations représentatives, dont l’UNEF, appellent à manifester, jeudi 8 avril dans toute la France, les élèves de l’Ecole du Louvre ne font pas exception. Précarité, burn-out, décrochage, dépression et parfois tentative de suicide : un collectif d’élèves tire la sonnette d’alarme après avoir reçu une centaine de témoignages et lancé un sondage auquel un tiers des 900 élèves du premier cycle (licence) ont répondu le 30 mars. Parmi eux, près de 20 % rencontrent des difficultés financières, 25 % se sentent isolés, 18 % demandent d’urgence un soutien, 30 % vont physiquement mal et 50 % sont en retard dans leurs cours à cause d’un problème de santé physique ou mental.
Le collectif dénonce « l’indifférence » et même « le mépris » qu’exprimerait la direction de l’école en maintenant les examens des mois de mai et juin en présentiel après une année quasi intégralement à distance. « Nous avons eu une première réunion fin février avec l’administration pour tenter d’établir un lien mais cela s’est très mal passé, des élèves sont partis en pleurant, relate Rémy, étudiant en deuxième année. Pour la direction, il n’était pas question d’annuler ou d’aménager les examens. »
Ces étudiants ont rédigé une lettre à la direction, signée par deux tiers des élèves du cycle licence. « Cette mobilisation historique pour une école n’ayant jamais connu de mouvement étudiant est révélatrice d’une détresse commune subie depuis des années, et qui nous est aujourd’hui insupportable », affirme le collectif. Dans l’entourage de Rémy, « neuf élèves ont décroché et quitté l’école », calcule-t-il.
Etudiants « travailleurs et anxieux »
Sur Twitter et Instagram, la campagne « OnLouvre ! » recense chaque jour des témoignages. « La période Covid, évidemment, ne fait qu’empirer les choses, confie une jeune fille en deuxième année. La pression que l’école nous met n’est pas pour rien là-dedans, sans parler de son système, qui consiste à apprendre des cours par cœur pour les oublier une fois l’examen fini. Ce fonctionnement, ainsi que l’élitisme qu’ils cultivent, pousse un grand nombre d’élèves à bout. »
Aux yeux de la directrice de l’Ecole du Louvre, fondée en 1882 pour former « les conservateurs, les missionnaires et les fouilleurs », selon le dessein de Jules Ferry, les inquiétudes relayées « sont l’expression d’une anxiété qui tient aussi au profil des étudiants, extrêmement travailleurs et anxieux ». « A 80 %, ce sont des jeunes filles qui avaient un excellent niveau en terminale et qui ont l’exigence de vouloir très bien faire », décrit Claire Barbillon. Elle ajoute que, lors de la session 2020, le taux de réussite aux examens a augmenté de 15 %, malgré le Covid. « Cela devrait les rassurer », glisse-t-elle, estimant à moins de 5 % le taux de décrochage des étudiants.
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