
« Il n’y a plus de marge » de temps pour un démarrage du réacteur nucléaire pressurisé européen (EPR) de Flamanville (Manche) fin 2022, compte tenu des réparations de soudures qui doivent être effectuées, a souligné mercredi 7 avril le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), Bernard Doroszczuk, lors d’une audition au Sénat.
« Si tout se passe bien, ces réparations de soudures sur les différentes parties du circuit secondaire du réacteur EPR devraient être achevées début 2022 », a déclaré M. Doroszczuk. « Ces réparations sont sur le chemin critique du projet au regard de l’objectif d’EDF de viser une mise en service pour fin 2022. Il n’y a plus de marge », a-t-il estimé.
L’affaire des soudures défectueuses avait conduit EDF à annoncer en 2019 un nouveau retard d’au moins trois ans pour l’EPR, où le chargement du combustible nucléaire est désormais attendu fin 2022. EDF doit au total reprendre une centaine de soudures, pour lesquelles des problèmes avaient été détectés en 2018. Pour les huit les plus difficiles, le groupe avait privilégié l’utilisation de robots afin de limiter les nouveaux retards et surcoûts sur ce chantier qui en a connu beaucoup.
Dix ans de retard sur le calendrier initial
EDF a aussi signalé récemment à l’ASN un écart de conception concernant trois piquages du circuit primaire principal du réacteur EPR en construction. Le piquage correspond à la partie d’une tuyauterie qui la raccorde à une autre ou à un récipient. Les piquages en question sont situés sur le circuit primaire principal, qui contient l’eau permettant de refroidir le cœur du réacteur et de transférer l’énergie issue de la réaction nucléaire aux générateurs de vapeur.
« Il faut trouver une solution pour renforcer la tuyauterie, le piquage, ou reprendre la soudure », a déclaré Bernard Doroszczuk. « Nous prendrons position au plus tard cet été », a-t-il dit. « On ne peut pas dire si la réparation, au vu de la stratégie qui sera présentée par EDF, permettra de rentrer dans le planning » de l’EPR, a-t-il prévenu.
Lancée en 2006, la construction à Flamanville du premier réacteur français de troisième génération a multiplié les déboires. Il devrait démarrer fin 2022, soit avec au moins dix ans de retard sur le calendrier initial. L’EPR était censé être connecté au réseau en 2012 et coûter 3,3 milliards d’euros. En réalité, il devrait coûter, selon EDF, 12,4 milliards d’euros. La Cour des comptes, elle, estime que la facture totale serait plutôt de 19,1 milliards d’euros.
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