Le ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, a été interrogé, le 15 avril, à Nanterre (Hauts-de-Seine) par la police anticorruption sur ses activités passées à la tête du département de l’Eure, objet d’une enquête du Parquet national financier pour « prise illégale d’intérêts », a appris l’Agence France-Presse (AFP), mardi 20 avril, de source proche du dossier.
M. Lecornu a été entendu en audition de suspect libre par les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), selon cette source, confirmant une information de Mediapart.
Courrier d’un « banquier des collectivités locales »
Cette enquête, dévoilée en janvier par Le Canard enchaîné et Libération, est ouverte depuis mars 2019 des chefs de « prise illégale d’intérêts » et d’« omission de déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique ».
Selon Libération, elle est née à la suite d’un courrier d’un « banquier des collectivités locales reconverti dans l’énergie » adressé en janvier 2019 à la cheffe du Parquet national financier (PNF) d’alors, Eliane Houlette.
Dans sa déclaration à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), M. Lecornu affirme avoir touché entre juillet 2016 et juin 2017 un total de 7 874 euros bruts de « jetons de présence » comme administrateur de la Société des autoroutes Paris Normandie (SAPN).
Or, M. Lecornu était au même moment président du département de l’Eure et a, « à ce titre, approuvé plusieurs délibérations » de la collectivité ayant trait à la SAPN, au moins quatre selon Le Canard, cinq selon Libération.
« Tout simplement poursuivi une pratique historique »
Sollicité en janvier par l’AFP, le cabinet du ministre de 34 ans avait fait savoir que « ce mandat a été exercé par Sébastien Lecornu de façon totalement transparente, faisant l’objet des publications légales classiques et d’une déclaration à la HATVP ». « Sébastien Lecornu a tout simplement poursuivi une pratique historique, à la suite de son élection, en siégeant pendant un an au sein du Conseil de SAPN », avait-on ajouté.
« La gestion du réseau routier a toujours été associée à la sphère publique. Lorsque, en 2005, les autoroutes ont été concédées par l’Etat à des opérateurs privés, il a été nécessaire de maintenir (…) des liens étroits avec les autorités publiques » et « à ce titre les départements du Calvados, de la Seine-Maritime et de l’Eure sont actionnaires minoritaires de SAPN et, dès lors, participent à l’assemblée générale », avait précisé le cabinet.
« La présence des présidents de conseil départemental permet de faire entendre la voix des territoires, relayant les impératifs publics, s’agissant des projets autoroutiers qui traversent le département », insistait-on.
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