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« Tous les concurrents d’Emmanuel Macron en font un personnage solitaire, incapable de solidifier le front républicain »

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Le président Emmanuel Macron, à Saint-Egrève (Isère), le 2 avril.

Chronique. Ces derniers jours, Jupiter en prend pour son grade. Fustigé par l’opposition parlementaire pour son mode de gouvernance jugé trop personnel, Emmanuel Macron est également bousculé par son ancien premier ministre, Edouard Philippe. Le maire du Havre, qui entame une tournée de promotion de son livre Impressions et lignes claires (JCLattès, 378 pages, 21,90 euros), coécrit avec son ancien conseiller Gilles Boyer, délivre dans Le Point une leçon institutionnelle qui sonne comme un désaveu de la pratique actuelle du pouvoir.

« La Ve République, c’est une dyarchie, un pouvoir à double tête, le président de la République et le premier ministre qui, finalement, ne peuvent quasiment rien faire l’un sans l’autre. A la fin des fins, ils doivent s’entendre », rappelle le juppéiste en se référant explicitement au général de Gaulle, inspirateur de la Constitution de 1958. « Présider et gouverner sont deux exercices différents », ajoute encore Edouard Philippe dans une défense du rôle du premier ministre qui, plaide-t-il, « a son existence propre, répond à l’Assemblée nationale ». Le message est clair : pour que cela fonctionne, le subtil équilibre entre pouvoir présidentiel et régime parlementaire voulu par les constituants doit être maintenu. Faute de quoi, on glisse vers « un système monarchique » qui ne correspond plus à l’esprit des institutions.

Le divorce a bien eu lieu

On ne peut évidemment exclure que le maire du Havre, remplacé à l’été 2020 par Jean Castex, règle un compte personnel avec Emmanuel Macron. Certes, il n’a pas été limogé. C’est lui qui a remis sa démission au lendemain des élections municipales mais, tout compte fait, il aurait volontiers continué sa mission pour peu que la ligne élyséenne rejoigne ses convictions. Les formes ont été préservées mais le divorce a bien eu lieu. Il est l’aboutissement d’un double conflit de légitimité qui a été tranché sans état d’âme par le président de la République : la popularité du premier ministre ne saurait dépasser durablement celle du chef de l’Etat. Quant à la machine Matignon, elle ne peut apparaître comme un frein à la volonté présidentielle.

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Dans la foulée du départ d’Edouard Philippe, une partie de l’entourage d’Emmanuel Macron avait dénoncé sa raideur sur la réforme des retraites ou encore la propension de son entourage à enterrer les propositions les plus disruptives du chef de l’Etat. Dès son arrivée rue de Varennes, Jean Castex avait remercié le secrétaire général du gouvernement, Marc Guillaume, un conseiller d’Etat devenu le symbole de cette « arrogance technocratique » que l’Elysée reprochait tant à Matignon. Il était logique qu’à un moment donné, l’ancien premier ministre dise sa vérité. Il le fait avec d’autant plus de force que sa popularité est intacte.

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