
L’historien et militant des droits de l’homme marocain Maati Monjib a entamé, jeudi 4 mars, une grève de la faim dans sa cellule de la prison d’Al Arjat, près de Rabat, afin d’exprimer « sa détresse » face « à la persécution » et l’ « injustice » dont il affirme être victime en raison de ses « activités de défense des droits humains ». M. Monjib, âgé de 61 ans, avait été condamné le 27 janvier par le tribunal de première instance de Rabat à un an de prison ferme et une amende de 15000 dirhams (1400 euros) pour « atteinte à la sécurité de l’Etat » et « escroquerie » dans un dossier remontant à 2015.
La Direction générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a démenti vendredi « les allégations mensongères » sur cette grève de la faim mais le comité de soutien de Maati Monjib « confirme » l’information. L’historien critique du pouvoir est l’une des cibles, aux côtés notamment des journalistes Omar Radi, Soulaiman Raissouni et Taoufik Bouachrine, d’une offensive en règle des autorités marocaines contre les défenseurs de la liberté d’expression au Maroc.
Des audiences reportées à vingt reprises
Dans son « appel » lancé de sa cellule, M. Monjib, enseignant chercheur à l’Institut des études africaines de l’université Mohamed V de Rabat, s’affirme « totalement innocent » des « accusations fallacieuses » dont il fait l’objet à travers deux procédures judiciaires distinctes. Dès 2015, il avait été poursuivi pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » et « escroquerie » avec six autres journalistes et militants de la liberté d’expression mis en cause pour leurs activités au sein de l’Association marocaine pour le journalisme d’investigation (AMJI).
Les audiences du procès feront l’objet de vingt reports pour aboutir finalement à la condamnation du 27 janvier à laquelle M. Monjib n’a même pas pu assister car il était convoqué au même moment devant un juge d’instruction pour une seconde affaire, liée cette fois-ci à l’incrimination de « blanchiment d’argent ». C’est précisément ce deuxième dossier qui a motivé son arrestation le 29 décembre à la sortie d’un restaurant de Rabat par huit agents en civil sortis de deux véhicules. « Cette arrestation arbitraire visait à me condamner [dans la première affaire] en mon absence pour que je ne puisse pas me défendre », dénonce-t-il dans son appel.
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