
Murcie, Madrid puis Castille-Leon : les uns après les autres, les gouvernements régionaux de droite de ces trois communautés autonomes d’Espagne sont entrés en crise, mercredi 10 mars. Un effet domino qui a des conséquences nationales. Tout a commencé dans la matinée, lorsque le parti libéral Ciudadanos a annoncé deux motions de défiance, contre le gouvernement de coalition qu’il forme avec le Parti populaire (PP, droite) dans la région de Murcie, dans le sud-est du Royaume, et contre le maire conservateur de la ville de Murcie, José Ballesta, avec lequel il administre la municipalité. En cause : deux scandales qui affectent la droite.
Dès janvier, il est apparu que plusieurs élus et hauts responsables du PP local s’étaient fait vacciner de manière irrégulière contre le Covid-19. Depuis, le parti refuse de dévoiler la liste des bénéficiaires de ces passe-droits. Et, il y a moins d’une semaine, l’adjoint au maire de Murcie, issu de Ciudadanos, a dénoncé auprès de l’unité des délits financiers de la police (UDEF) de présumés contrats frauduleux passés par l’équipe municipale.
Par ailleurs, les prétentions du parti d’extrême droite Vox d’imposer son agenda politique au gouvernement régional, qu’il soutient sans y participer, ont provoqué un malaise chez les libéraux. « Nous ne pouvons pas continuer à être complices de ce manque de contrôle de la vaccination, de scandales variés et de l’image néfaste qui est renvoyée de notre région », a expliqué la responsable locale de Ciudadanos, Ana Martinez Vidal, lors d’une conférence de presse préparée depuis plusieurs jours.
Sursaut désespéré
Avant de présenter les motions de défiance, Ciudadanos a scellé un accord avec le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) : ce dernier soutiendra Mme Vidal pour qu’elle prenne la tête de la région, bien que les libéraux ne disposent que de six des 45 députés locaux, en échange de quoi Ciudadanos permettra aux socialistes de prendre la mairie.
Si la manœuvre s’inscrit dans le virage pris par la présidente de Ciudadanos, Inés Arrimadas, pour resituer son parti au centre, elle représente aussi le sursaut désespéré d’un parti en décomposition, qui vient de subir une débâcle aux élections régionales de Catalogne, et espère récupérer le terrain perdu auprès des électeurs en prenant pour la première fois les rênes d’une région d’Espagne.
Pour le PP local, c’est tout simplement une « trahison ». Et à Madrid, la présidente de la région autonome, la conservatrice Isabel Diaz Ayuso, qui gouverne aussi avec Ciudadanos (et le soutien de Vox), n’a pas été disposée à connaître le même sort. Elle a préféré annoncer la dissolution du Parlement régional et la tenue d’élections anticipées le 4 mai. « Si je ne le faisais pas, Ciudadanos et le PSOE auraient présenté une motion de censure et provoqué le désastre dans la Communauté de Madrid, a-t-elle assuré. Je préfère rendre aux Madrilènes le choix de leur avenir, pour qu’ils n’en soient pas privés par des tractations de bureaux et qu’ils choisissent entre socialisme et liberté. »
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