
Tribune. La convention citoyenne pour le climat, exercice inédit de démocratie délibérative, s’est achevée dimanche 28 février après dix-sept mois de travail et un rapport riche de 149 propositions. Jamais nous n’aurions imaginé que cette initiative prenne une telle ampleur, à la fois dans ses travaux, dans les médias, dans le débat politique et dans la production législative et réglementaire qu’elle a entraînés.
Il y aurait une infinité de choses à dire et à analyser dans cette expérience pionnière. C’est ce que feront les chercheurs qui l’ont observée tout au long du parcours. Mais d’ores et déjà, quelques enseignements me semblent se dessiner.
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Pour faire bouger le gouvernement sur la question climatique, il faut vraiment insister…
Les alertes des scientifiques se multiplient, les preuves tangibles du changement climatique aussi, les perspectives sont noires, au point d’envisager qu’une partie de notre planète pourrait devenir inhabitable à la fin du siècle et, pourtant, les gouvernements du monde entier s’obstinent à ne pas répondre à l’urgence. La France, si elle n’est pas parmi les pires nations, ne fait pas exception à la règle, comme l’a mis en lumière le tribunal administratif de Paris en condamnant l’Etat pour « carence fautive » le 3 février.
Alors que faire ? C’est la question qu’a dû se poser Nicolas Hulot en démissionnant de son poste de ministre en août 2018, dans un geste d’impuissance, alors que nous vivions un été caniculaire et que le gouvernement s’apprêtait à instaurer une taxe carbone (sur l’essence), pénalisant davantage les plus fragiles que les grands pollueurs.
Quelques semaines plus tard, la tension montait en flèche dans le pays. « Gilets jaunes », jeunes grévistes et militants pour le climat avaient envahi les rues et 2,3 millions de personnes s’associaient à l’initiative de quatre ONG pour attaquer l’Etat en justice (« l’Affaire du siècle ») pour inaction face au changement climatique.
C’est dans ce contexte qu’en février 2019, nous fûmes invités à rencontrer le président de la République Emmanuel Macron avec Marion Cotillard et que je décidai de lui proposer cette idée élaborée par le collectif des « gilets citoyens ». La convention est donc née d’un contexte particulier et d’un rapport de force.
Certains diront qu’Emmanuel Macron y a vu une opportunité pour sortir de la crise et faire un « coup » politique. D’autres, qu’il s’agit d’une petite victoire arrachée à l’exécutif. L’un n’exclut sans doute pas l’autre et, d’une certaine façon, peu importe. Cette situation a permis à la première assemblée citoyenne tirée au sort d’être constituée en France dans un objectif précis : formuler des propositions pour réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale.
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