
L’association de défense des animaux L214 a diffusé, mardi 6 avril dans la soirée, des images tournées dans un élevage industriel de poulets du Pas-de-Calais qui souhaite tripler sa surface. On y voit des volailles entassées et mal en point. Les activistes de L214 espèrent ainsi faire barrage à cette extension qu’ils jugent « délirante ».
Sur ces images tournées en mars par l’association, qui publie régulièrement des vidéos-chocs pour dénoncer les conditions d’élevage et d’abattage des animaux, on peut voir des poulets morts gisant au milieu d’animaux vivants, des bêtes boitant fortement ou encore des poulets dont le corps semble démesurément gros par rapport à leur tête.
L’élevage, qui produit des poulets de chair depuis 1998 à Pihem, près de Saint-Omer, souhaite tripler sa surface. L214 dénonce dans cette possible extension « un projet démesuré, un calvaire pour les animaux et une aberration économique ».
Selon l’enquête publique, qui s’est déroulée du 4 janvier au 2 février, l’élevage « est aujourd’hui déclaré pour 20 500 animaux-équivalents, élevés dans un bâtiment de 1 020 m2 ». « Le projet consiste à construire deux nouveaux bâtiments de 2 400 m2 chacun, ainsi qu’un hangar de compostage », détaille le document.
Le commissaire-enquêteur a émis un avis favorable le 30 mars, assorti de deux réserves portant sur l’accessibilité du site et les capacités techniques et financières de l’éleveur.
Si la préfecture donne son autorisation, le nombre de poulets produits sur le site passera d’environ 150 000 à près de 860 000 en « production théorique annuelle », selon les chiffres fournis par l’éleveur dans sa demande d’extension.
Le conseil municipal de Pihem a émis un avis défavorable, soulignant les nuisances sonores et olfactives qu’elle fait craindre, ainsi que l’augmentation du passage des camions. La préfecture se prononcera après l’avis du conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires, qui doit se réunir d’ici la fin du mois de juin.
A la fin de mars, dans le département voisin du Nord, la préfecture a autorisé un projet d’élevage intensif devant accueillir 117 600 poulets à Steenwerck, contesté localement et qui avait fait l’objet d’un avis défavorable de la commissaire chargée de l’enquête publique.
En janvier, L214 a appelé, dans une lettre ouverte, le président Emmanuel Macron à élaborer « un plan de sortie de l’élevage intensif », mis en cause comme facteur d’apparition de maladies potentiellement dévastatrices. « Une telle initiative viserait à suspendre immédiatement la construction ou l’extension des élevages intensifs et industriels qui confinent les animaux dans des bâtiments fermés, dans des cages, les forçant à vivre dans des conditions de promiscuité extrêmes », explique l’association.
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