
Cinq jours après que Mia Montemaggi, 8 ans, a été kidnappée dans un village des Vosges, François Pérain, procureur de la République de Nancy, a annoncé, dans un communiqué daté du dimanche 18 avril, que la fillette et sa mère « [venaient] d’être découvertes dans un squat de la commune de Sainte-Croix », dans le canton de Vaud, en Suisse. « Les investigations ont permis de déterminer que Lola Montemaggi avait passé une première nuit en Suisse dans un hôtel à Estavayer-le-Lac (canton de Fribourg), avant d’être hébergée par une femme à Neuchâtel [puis] d’être déposée à cet immeuble squatté, à Sainte-Croix », a précisé M. Pérain.
Le parquet de Nancy a annoncé que la petite Mia était « en bonne santé » et qu’elle serait remise à sa grand-mère maternelle par la protection judiciaire de la jeunesse, qui a « immédiatement [été] mandatée pour aller la récupérer en Suisse ».
La mère de Mia, Lola Montemaggi, 28 ans, a été placée en garde à vue par les autorités suisses, qui ont également interpellé une autre personne sur le territoire helvétique. « D’autres interpellations » devraient encore avoir lieu dans cette affaire, a par ailleurs précisé, devant la presse, M. Pérain. Les autorités françaises ont demandé l’extradition de ces deux personnes. Elles vont rester détenues en attendant une procédure d’extradition, a expliqué Jean-Luc Mooser, procureur du canton de Fribourg. Si elles ne s’y opposent pas, « ça peut durer quelques jours, une semaine, quinze jours », a précisé le procureur, ajoutant qu’en cas d’opposition cela impliquerait des procédures judiciaires « qui sont beaucoup plus longues ».
L’enquête avait permis de déterminer que la mère de Mia avait organisé l’enlèvement de sa fille, dont elle n’avait plus la garde. Les enquêteurs suspectaient ainsi Mme Montemaggi d’être partie à l’étranger avec sa fille.
« Ce sont près de deux cents gendarmes qui sont intervenus à un titre ou [à] un autre dans le cadre de cette enquête », souligne M. Pérain. « Deux gendarmes ont été missionnés sur le territoire suisse pour assister leurs collègues helvétiques », a-t-il ajouté, avant de remercier « les autorités suisses de cet investissement hors norme, qui a permis la localisation de la fugitive et de sa fille dans un temps très court ».
Cinq suspects interpellés
Dans le cadre de cette affaire, qui a entraîné la mise en place d’une Alerte enlèvement (rapidement levée par le parquet d’Epinal), cinq suspects ont déjà été interpellés, entre mercredi et vendredi, en région parisienne, en Meurthe-et-Moselle et dans le Doubs.
Quatre hommes sont suspectés d’avoir participé à l’expédition dans les Vosges. Le cinquième homme, arrêté vendredi, est quant à lui soupçonné d’avoir « contribué à la préparation » de l’enlèvement de la fillette alors qu’elle était hébergée chez sa grand-mère maternelle (désignée « tiers de confiance » par la justice) aux Poulières, un village vosgien situé à une trentaine de kilomètres d’Epinal.
Ils ont été mis en examen et « ont reconnu les faits devant les enquêteurs », a précisé, dimanche soir, François Pérain, le procureur de la République de Nancy. Ils sont poursuivis pour « enlèvement en bande organisée d’une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs ». Quatre d’entre eux ont été écroués, le cinquième a été placé sous contrôle judiciaire. Un sixième homme, considéré par les enquêteurs comme l’un des ravisseurs de Mia n’a, lui, pas encore été identifié et reste activement recherché, selon le magistrat.
« Un profil apparenté à la mouvance survivaliste »
Mia a été enlevée sans violence, mardi en fin de matinée, alors qu’elle était chez sa grand-mère maternelle. Sa mère n’avait plus le droit de voir Mia seule depuis janvier et « voulait vivre en marge de la société ».
C’est le parquet de Nancy qui a été saisi de l’affaire, dans la mesure où la qualification d’« enlèvement d’une mineure de 15 ans en bande organisée » exige une compétence spécifique, dont est dépourvu le tribunal d’Epinal, qui avait été saisi dans un premier temps. Les principaux suspects ont déclaré avoir agi à la demande de la mère, qui voulait récupérer sa fille, dont elle n’avait plus la garde. « Leurs auditions sont globalement concordantes », a-t-il été ajouté, sachant que l’un des prévenus n’a pas voulu s’exprimer. Les trois autres ont, eux, avoué l’enlèvement.
Selon les premières déclarations des ravisseurs présumés, « l’opération avait été préparée conjointement » avec la mère de la fillette, a fait savoir Nicolas Heitz, procureur de la République d’Epinal. Elle les aurait ainsi contactés par Internet pour récupérer sa fille, « dont elle s’estimait injustement privée, [et ce] dans le but de partir à l’étranger », a-t-il exposé. La fillette aurait été remise à sa mère par les trois ravisseurs vingt minutes après son rapt.
Selon une source proche du dossier, laquelle confirme des informations du Parisien, les mis en cause ont « un profil apparenté à la mouvance survivaliste et proche des thèses de l’ultradroite ». La source précise que ces derniers se trouvent être « suivis par la direction générale de la sécurité intérieure en raison de leur appartenance » à cette mouvance et qu’ils sont « jugés potentiellement dangereux ».
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