
Au travers d’une vaste campagne d’affichage – « Chasseurs, sauvez des vies, restez chez vous » –, diffusée sur 1 500 panneaux répartis sur tout le territoire, la Fondation Brigitte Bardot a voulu inscrire dans le débat public la question des accidents liés à la chasse. Elle rappelle les 141 accidents annuels, dont onze mortels, pour la saison 2019-2020, chiffres communiqués par l’Office français de la biodiversité. L’initiative a aussitôt fait réagir les organisations de chasseurs, scandalisées que la campagne utilise des codes et langages rappelant celle du gouvernement à propos du Covid-19, et décidées à porter plainte pour diffamation et à interpeller le ministre de l’intérieur.
Nouvelle campagne contre la chasse, nouvelles plaintes des chasseurs, nouveaux procès contre la Fondation Brigitte Bardot ?
Les chasseurs ne manquent pas de toupet ! Non seulement ils n’acceptent pas le moindre questionnement sur leur activité, mais ils ne supportent pas la simple révélation de leurs méfaits. Notre campagne se base sur des chiffres publics et rigoureux. Elle n’est ni injurieuse, ni diffamatoire. Elle ne dit pas l’angoisse qui étreint les promeneurs dans la campagne et en forêt. Elle ne décrit pas les horreurs causées par les balles qui atteignent un ramasseur de champignons, un coupeur de bois ou un cycliste en famille. Elle se contente de rappeler que des balles perdues tuent et blessent grièvement chaque année. Et il faudrait se taire ? Ah non ! Pas mon genre ! Ce n’est pas un énième procès qui va me faire peur !
Vous en avez beaucoup ?
Sans cesse ! Les chasseurs du Sud-Ouest portent plainte. Puis ce sera ceux du Centre. Et puis ceux du Sud-Est, etc. Les tribunaux vont être à nouveau encombrés par des procès contre Brigitte Bardot. C’est à la fois grotesque et navrant. Vous me connaissez, je n’ai jamais mâché mes mots ! Avoir traité les chasseurs de « terroristes de nos forêts » m’a valu récemment une nouvelle mise en examen. Mais comment regretter cette image ? Ils sont bel et bien dangereux. Et l’ensemble de la population est d’accord sur ce point. Un sondage IFOP, réalisé en mars pour la fondation, indique que 71 % des Français ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils se promènent dans la nature en période de chasse. Encore plus le dimanche. Environ 50 % des accidents de chasse se produisent ce jour-là, jour de repos et de balade pour une majorité de Français.
Les chasseurs, qui représentent environ 1,5 % de la population, s’approprient la nature au détriment des 98 % de non-chasseurs. C’est tout de même un comble ! D’ailleurs, l’étude montre aussi que 78 % des Français sont favorables à ce que le dimanche devienne un jour sans chasse. Mais non : même une demande aussi naturelle, aussi évidente, demeure inacceptable pour ces égoïstes organisés en lobby très puissant.
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