
Dans son dernier point épidémiologique du jeudi 4 mars, Santé publique France constate pour la deuxième semaine d’affilée que les contaminations et les hospitalisations liées au Covid-19 sont reparties à la hausse entre le 22 et le 28 février. Et si ce rebond n’était pas seulement dû à la diffusion croissante de variants plus transmissibles mais aussi à un autre phénomène passé sous les radars : les pics de pollution de l’air aux particules fines ?
« C’est tout à fait possible, indique au Monde Antoine Flahault, professeur de santé publique et directeur de l’Institut de santé globale (université de Genève). Il se peut que la pollution atmosphérique par des particules fines soit responsable d’aggravations de l’épidémie tant dans le nombre de nouvelles contaminations que d’hospitalisations de cas de Covid-19. »
De la Corse aux Hauts-de-France, en passant par le Grand-Est, Rhônes-Alpes-Auvergne, la Nouvelle-Aquitaine ou l’Ile-de-France, de nombreuses régions ont été touchées par trois épisodes de pollution liés à des remontées de poussières de sable en provenance du Sahara. Le dernier vient de se terminer.
Les deux précédents sont intervenus début février et la semaine du 22 février. Combiné à des conditions météorologiques favorables (anticyclone et inversion des températures) et à d’autres sources d’émission de particules fines (chauffage domestique, trafic routier, épandages agricoles), le phénomène a généré d’importants pics de pollution aux particules fines.
« Le rôle des concentrations élevées en particules fines dans l’air pourrait être l’un des facteurs déterminants tant de la transmission que de la gravité du Covid-19 »
« Le rôle des concentrations élevées en particules fines dans l’air pourrait être l’un des facteurs déterminants majeurs tant de la transmission que de la gravité du Covid-19, estime même le professeur Flahault. Qu’elles soient d’origine naturelle comme le sable du désert ou anthropiques, les particules fines sont associées à des rebonds épidémiques de maladies respiratoires transmissibles, et notamment de Covid-19. »
Dans un article publié en novembre 2020 dans la revue Earth Systems and Environment, l’épidémiologiste et ses collègues de l’université de Genève montrent une corrélation entre la survenue de ces pics de pollution et des brusques poussées de contaminations. A partir de l’analyse des relevés journaliers des concentrations de polluants à Paris, Londres et dans le canton suisse du Tessin, ils ont observé que « les tempêtes épidémiques » (en mars à Paris) ont coïncidé ou se sont produites juste après des pics de particules fines PM 2,5 (de taille inférieure à 2,5 micromètres), les plus dangereuses pour la santé car elles pénètrent profondément dans l’organisme.
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