L’Union européenne (UE) et les Etats-Unis se sont accordés, vendredi 5 mars, pour suspendre pendant quatre mois les droits de douanes respectifs qu’ils appliquent dans le cadre du litige entre Boeing et Airbus. Il s’agit d’un signe de détente commerciale entre les deux blocs après la présidence de Donald Trump.
Cette trêve concerne aussi bien les produits aéronautiques que non aéronautiques, a précisé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. « C’est une excellente nouvelle pour les entreprises et les industries des deux côtés de l’Atlantique, et un signal très positif pour notre coopération économique dans les années à venir », a-t-elle fait valoir. Les deux partenaires vont profiter de ces quatre mois pour se « concentrer sur la résolution » de leurs « différends en matière d’aéronautique ».
Cette annonce a été faite à l’issue d’un échange téléphonique entre le président Joe Biden et Mme von der Leyen. Il s’agissait de leur premier entretien officiel depuis l’arrivée du démocrate à la Maison Blanche. Ce dernier « a souligné son soutien à l’Union européenne et son engagement à réparer et redynamiser le partenariat Etats-Unis – UE », a rapporté la Maison Blanche dans un bref compte rendu de cet appel.
Cette trêve, qui intervient au lendemain d’un accord similaire entre Londres et Washington, a été accueillie avec soulagement par Paris : les surtaxes américaines pénalisent particulièrement les viticulteurs français. Il s’agit d’une « première étape dans le processus de désescalade » commerciale, a salué le ministre délégué au commerce extérieur, Franck Riester.
« Nous allons maintenant travailler, avec la Commission et nos partenaires européens, pour parvenir dans les quatre mois à venir à un accord sur de nouvelles règles encadrant le soutien public au secteur aéronautique, qui soit conforme à nos intérêts et sans naïveté », a-t-il ajouté.
En conflit depuis 2004
« Nous nous félicitons de la décision de suspendre les tarifs pour permettre la tenue de négociations », a pour sa part réagi Airbus dans un communiqué, ajoutant qu’il continuerait à « défendre un règlement négocié de ce différend de longue date afin d’éviter des surtaxes douanières qui ne font que des perdants ».
Lors de son audition au Sénat des Etats-Unis, fin février, la future représentante au commerce, Katherine Tai, avait mis en avant la « nécessité pour les Etats-Unis et l’UE de s’unir pour trouver une réponse » dans ce conflit.
Airbus et son concurrent américain Boeing, et à travers eux l’UE et les Etats-Unis, s’affrontent depuis octobre 2004 devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) sur les aides publiques versées aux deux groupes, jugées illégales.
Les Etats-Unis ont été autorisés en octobre 2019 à imposer des taxes sur près de 7,5 milliards de dollars (6,8 milliards d’euros) de biens et services européens importés chaque année, à hauteur de 25 % pour les vins et spiritueux, et de 15 % pour les avions Airbus.
Dans une décision miroir un an plus tard, l’OMC avait autorisé Bruxelles à mettre en place des taxes sur des produits importés des Etats-Unis. L’UE impose depuis des droits de douane sur 4 milliards de dollars d’exportations américaines.
L’administration Biden avait annoncé, le 11 février, le maintien des taxes supplémentaires sur certains produits européens, entrées en vigueur le 12 janvier, à quelques jours de la fin du mandat de Donald Trump, marqué par de fortes tensions commerciales.
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