
Nouveau rebondissement dans le dossier explosif de la Super Ligue de football européenne. Quarante-huit heures après l’annonce de ce projet, Manchester City a d’ores et déjà décidé, mardi 20 avril, de quitter cette compétition privée rivale de la Ligue des champions, face aux menaces des instances du football et au tollé du gouvernement et des supporteurs.
Auparavant, plusieurs médias britanniques avaient rapporté que Chelsea était également sur le point de se retirer. En Espagne, d’autres informations de presse évoquaient le retrait à l’étude de l’Atlético de Madrid et une réunion en visioconférence des clubs rebelles.
Six formations anglaises, deux espagnoles et trois italiennes, parmi les plus riches d’Europe, envisageaient la création d’une ligue semi-fermée où 15 des 20 places seraient réservées aux équipes fondatrices, tous les ans. Ces clubs pensaient ainsi convaincre le monde du football en proposant plus de matchs à fort enjeu et visaient des revenus colossaux en s’assurant un ticket permanent dans une épreuve quasiment inaccessible aux autres équipes…
Le projet s’est immédiatement attiré les foudres unanimes des mondes politique et sportif, le gouvernement britannique et les instances du ballon rond menaçant les impétrants de poursuites juridiques ou de suspension. Manchester City et Chelsea sont d’ailleurs demi-finalistes de l’actuelle édition de la Ligue des champions et risquaient d’en être exclus.
Le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, s’est dit mardi soir « ravi » de voir Manchester City renoncer à participer à la Super Ligue. « Comme je l’ai dit (…), il faut du courage pour admettre une erreur », a fait valoir le Slovène, qui avait troqué, mardi matin, les menaces contre un appel à la reddition, s’adressant en particulier aux six clubs anglais.
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, qui était monté au créneau à l’annonce de la création de cette Super Ligue, a salué mardi, sur Twitter, la décision de Manchester City et Chelsea − toujours en attente d’officialisation . « J’espère que les autres clubs impliqués (…) vont suivre cette initiative », a-t-il ajouté.
The decision by Chelsea and Manchester City is – if confirmed – absolutely the right one and I commend them for it.… https://t.co/fhSAK2h6TU
Critiques de Guardiola
Mardi soir, les supporteurs de Chelsea, appuyés par des fans d’autres équipes concernées ou non par ce projet, se sont réunis par centaines devant Stamford Bridge, avant un match de championnat contre Brighton, pour laisser éclater leur colère avec des slogans cinglants.
« RIP [repose en paix], Football 1863-2021 », « Créé par les pauvres, volé par les riches » ou « Roman [Abramovich, le propriétaire russe de Chelsea], prends la bonne décision », les slogans sur les nombreuses pancartes témoignaient de la violence du rejet de cette compétition semi-fermée
Ils ont bloqué l’entrée du bus de l’équipe, forçant Petr Cech, ancien gardien de but du club et actuellement directeur technique, à venir dialoguer avec eux.
@PetrCech telling us people will sort it out! and let the bus in #NoToEuropeanSuperLeague @ChelseaFC https://t.co/VEkDxmFVNy
Un peu plus tôt dans la journée, l’entraîneur de Manchester City, Pep Guardiola, n’avait pas hésité à se montrer critique, lors d’une conférence de presse, sur le format choisi pour maximiser le nombre de matchs et les profits, au détriment du mérite sportif.
« Ce n’est pas du sport quand il n’existe pas de relation entre effort et récompense. Ce n’est pas du sport si le succès est garanti ou si perdre n’a aucune importance. »
Jürgen Klopp, entraîneur de Liverpool − autre club frondeur −, était lui aussi réservé lundi. Plusieurs joueurs des Reds ont publié, mardi, sur Twitter des messages de soutiens aux fans, prenant position contre ce projet : « Nous n’aimons pas cela et nous ne voulons pas que cela se produise. C’est notre position collective. Notre engagement envers ce club de football et ses supporteurs est absolu et inconditionnel. Vous ne marcherez jamais seul [référence à la chanson de Gerry & The Pacemakers, l’hymne du club – ndlr]. »
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Le retrait de deux des douze fondateurs, quarante-huit heures à peine après la bombe lancée au visage du football européen, pourrait bien faire s’écrouler le projet comme un château de cartes.
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