Après le Covid-19 qui les a mis dans une situation très difficile, les commerçants du marché Rond-Point Case-Bi ont vu leurs activités subir les contrecoups des manifestations politiques qui les ont obligés à fermer boutique. Même si les activités ont repris, ces commerçants reconnaissent avoir beaucoup perdu lors des derniers événements tragiques avec leur lot de morts.
Le marché du Rond-Point Case-Bi retrouve son dynamisme. Paralysés durant quasiment une semaine par les manifestations réclamant la libération de Ousmane Sonko, leader de Pastef, les commerces ont repris. Restés cloitrés chez eux à cause de ces événements qui ont mis sous tension le quartier des Parcelles Assainies et ses environs suite au meurtre du jeune Modou Ndiaye, qui serait tué par balle lundi dernier, et qui avait décuplé l’envie des manifestants de «vengeance» en tentant de s’attaquer au Commissariat de police des Parcelles Assainies, les commerçants avouent avoir subi les contrecoups de ces tragiques événements.
Tout près du marché du Rond-Point Case-Bi, le gérant d’un restaurant qui s’active dans la pâtisserie a été obligé de fermer ses portes durant quasiment une semaine, à cause de l’insécurité qui régnait sur les lieux avec des jeunes qui se livraient à une intifada contre des Forces de l’ordre qui usaient de grenades lacrymogènes pour les contenir. Cela a grevé les recettes commerciales de ceux qui ont l’habitude de s’activer sur les lieux. «Nous avions l’habitude d’avoir des recettes journalières de 200 à 300 mille francs. Les manifestations ont occasionné chez nous des pertes de plus de 2 millions de nos francs. La clientèle venait normalement faire ses commandes», renseigne un employé du restaurant, qui avait les yeux rivés sur des plateaux sur lesquels étaient disposés des croissants.
Bien avant que ne soit décrété l’Etat d’urgence sanitaire sur fond de couvre-feu, qui débutait à 21 heures pour se terminer à 5 heures avant d’être réajusté de 00 heure à 5 heures, les activités marchaient normalement, a confié notre interlocuteur sans pour autant avancer de chiffres exacts. «Avant le couvre-feu, les clients étaient beaucoup plus nombreux qu’actuellement», s’est limité à dire le jeune employé de ce restaurant. Yankhoba Aïdara partage le même avis. «C’est avec l’interdiction des cérémonies familiales que nos recettes ont sensiblement baissé. Nous avions des commandes de draps et couvertures. Ce sont surtout les femmes qui en faisaient pour les offrir en cadeaux lors des cérémonies de baptême et de mariage», a fait savoir Yankhoba Aïdara, qui dit que les manifestations de ces derniers jours, n’ont fait qu’en rajouter aux difficultés que les commerçants connaissent depuis que la pandémie du Covid-19 sévit dans le monde. «Je pouvais me retrouver avec 25 mille francs par jour ou plus. Je ne peux pas évaluer ce que m’ont fait subir ces manifestations. Je peux dire que ce sont de grosses pertes que cela m’a causées. Nous sommes restés presque une semaine sans travailler. Les choses marchaient avant que ne survienne de la pandémie du Covid-19. Le couvre-feu, qui avait été fixé entre 21 heures et 5 heures, a contribué à réduire nos recettes comme peau de chagrin. Même si l’heure du couvre-feu est réajustée de 00 heure à 5 heures, il faudra du temps pour que les choses reviennent à la normale. Ça prend du temps», note celui qui est solidaire des autres commerçants du Rond-Point Case-Bi dont les boutiques ont été vandalisées et leurs marchandises pillées durant ces moments de tension. «J’ai des amis dont les boutiques ont été réduites à néant lors des manifestations. Est-ce qu’ils auront le moral de réinvestir encore dans le commerce vu les grosses pertes qu’ils ont subies ? Ce ne sera pas facile pour eux de se relever de cette dure épreuve. La crise économique ne fait qu’accentuer les difficultés que nous rencontrons. Ils auront besoin de gros investissements pour redémarrer leur activité», a indiqué Yacouba Aïdara qui révèle que parmi ces commerçants dont les boutiques ont été pillées, il y en a certains qui ont investi «plus de 20 millions de francs Cfa», pour mettre sur pied leurs boutiques spécialisées dans la vente de téléphones portables.
Restauratrice de son état, une quinquagénaire de se montrer fataliste par rapport au sort «peu enviable» réservé ces temps-ci à tous les secteurs de l’économie sénégalaise que le Covid-19 a impacté et que la crise politique sur fonds de manifestions pour la démocratie risque de rendre «beaucoup plus compliqué».
Ne voulant pas restée inactive, la dame, qui a requis l’anonymat, dit s’activer pour toujours profiter du «peu» qu’elle tire de son commerce pour entretenir sa progéniture et mettre quelque chose de côté pour pouvoir payer la location mensuelle de son restaurant dont le montant est de 75 mille francs.
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