
Le premier est décrit comme un hyperactif, tendance impulsif. Le second est une bête à sang froid, méthodique et madrée. Ennemis ? Adversaires ? Concurrents, assurément. Tout au long de cette année 2020 marquée par la pandémie de Covid-19, Olivier Véran et Bruno Le Maire, portés par la même ambition et la soif de se forger un destin politique, ont su s’illustrer au sein du gouvernement comme les deux protagonistes de cette crise inédite. Tous deux, auréolés d’une étonnante popularité, ont endossé des batailles aux intérêts souvent contradictoires, l’un à la tête du ministère de la santé pour sauver des vies et éviter l’implosion des services de réanimation, l’autre à Bercy pour éviter le naufrage de l’économie.
Avenue de Ségur, l’ex-socialiste d’à peine 40 ans a navigué entre les polémiques vénéneuses, sur la pénurie de masques d’abord, la gestion chaotique des tests ensuite, et la pénurie de vaccins enfin, sans que les Français le jugent tout à fait fautif. A Bercy, le transfuge de la droite, quinquagénaire averti, s’est, lui, érigé en vedette du petit commerce et en garant du pouvoir d’achat. « Ce sont les deux figures qui se sont, de facto, le plus démarquées dans cette crise, tous deux vus comme des protecteurs dans leur domaine », observe Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage Ifop.
Ce 16 février 2020, quand Olivier Véran remplace au pied levé la ministre de la santé, Agnès Buzyn, partie tenter l’aventure électorale pour la mairie de Paris, la France ignore tout de ce jeune neurologue. L’ancien rapporteur général de la commission des affaires sociales à l’Assemblée nationale est pourtant prêt. « Il n’attendait que ça », commente Gilles Le Gendre, ancien président du groupe des députés de La République en marche (LRM). « Olivier est l’homme des tempêtes, pas celui des eaux calmes », ajoute-t-il.
« Sans un bug »
S’entourant de chercheurs et d’épidémiologistes, le nouveau ministre alerte l’exécutif des tragédies qui se déroulent dans les couloirs des hôpitaux, enjambe les controverses nourries, notamment, par la bureaucratie et le délitement du système de santé. Et encaisse, aussi, les coups de sang d’Emmanuel Macron, exaspéré par la lenteur de la campagne vaccinale. « Depuis dix mois, j’ai été soumis à une intense pression. A chaque étape, que ce soit pour les masques, les tests ou la gestion des confinements, j’ai subi de nombreuses attaques en piqué et d’innombrables procès en scandale d’Etat. Cela ne m’étonne pas et cela ne me touche pas. Le fait est que nous n’avons pas à rougir des résultats », déclare-t-il au Monde en janvier.
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