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pour Kigali, « l’Etat français n’est pas complice »

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Le ministre rwandais des affaires étrangères, Vincent Biruta, à Kigali, le 9 avril 2021.

Dans un entretien au Monde, réalisé par visioconférence depuis Kigali, Vincent Biruta, le ministre des affaires étrangères du Rwanda, revient sur le rôle de la France pendant le génocide des Tutsi, qui a fait près d’un million de morts au printemps 1994 dans son pays.

Quelques semaines après la parution du rapport de la commission Duclert, établi sur demande de l’Elysée à partir des archives françaises, Vincent Biruta s’appuie sur le rapport Muse, un cabinet d’avocats américains chargé par le gouvernement rwandais de « mener une enquête approfondie afin de déterminer le rôle de l’Etat français ». Intitulé « Un génocide prévisible : le rôle de l’Etat français en lien avec le génocide contre les Tutsi au Rwanda », il doit être remis lundi 19 avril au gouvernement rwandais.

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Selon vous, qu’apporte de plus le rapport Muse par rapport à celui de la commission Duclert ?

La commission Duclert a conclu sa recherche sur « les responsabilités lourdes et accablantes de la France », mais elle n’a pas spécifié lesquelles. Le rapport Muse énumère ces responsabilités et indique que la France a rendu possible un génocide qui était prévisible. Par ailleurs, la commission Muse va au-delà de 1994, ce que le rapport Duclert n’a pas fait. Enfin, le rapport Muse met l’accent sur les responsabilités des dirigeants politiques français plutôt que sur les militaires.

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Cette approche permet une compréhension plus nuancée de la complexité de l’opération « Turquoise » [décidée par la France sur mandat de l’ONU à la fin du génocide et dont la finalité reste contestée], qui est survenue après que la plupart des crimes avaient été commis. Le fardeau de ces graves accusations ayant jusque-là été porté principalement par des officiers français et l’armée plutôt que par ceux qui donnaient les ordres.

En 2008, le rapport Mucyo, une commission rwandaise, avait conclu que l’Etat français avait « joué une part active dans la préparation et la réalisation du génocide ». Le rapport Muse est donc moins accablant ?

Effectivement. Ces deux rapports ont été réalisés à des époques différentes, avec des équipes différentes. Le rapport Muse a été pris en charge par des spécialistes du droit. C’est un rapport d’enquête – et non une enquête criminelle – réalisée par des juristes et des avocats. C’est pour cela qu’il n’est pas prévu que le Rwanda entame des poursuites criminelles sur la base du rapport Muse. Le but est de rechercher et de documenter les faits. Le rapport n’aborde pas l’éventuelle question de la responsabilité pénale contrairement au rapport Mucyo.

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Nakodal

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