
Un enlèvement d’enfant élaboré par une nébuleuse complotiste organisée autour d’un « gourou » français exilé en Malaisie. Les premières investigations sur le rapt de la petite Mia, 8 ans, retrouvée dimanche 18 avril dans un squat à Sainte-Croix (canton de Vaud), en Suisse, après cinq jours de disparition, démontrent la radicalité de certains conspirationnistes prêts à passer à l’acte.
Mardi 20 avril, le procureur de la République de Nancy, François Pérain, confirmait une information du Parisien publiée la veille : un mandat d’arrêt international a bien été délivré contre Rémy Daillet par le juge d’instruction chargé de l’enquête sur l’enlèvement de Mia. Selon le procureur, ce Français de 54 ans résidant en Malaisie, ancien responsable du MoDem en Haute-Garonne et fils de Jean-Marie Daillet (ex-député UDF) , « apparaît comme l’animateur principal de la “mouvance” dans le cadre de laquelle s’inscrivent les mis en cause » et « aurait joué un rôle dans l’organisation de l’enlèvement ».
La petite fille, qui était placée chez sa grand-mère sans que sa mère puisse la voir seule, avait été enlevée le 13 avril par trois hommes. Agissant pour le compte de la mère de Mia, Lola Montemaggi, ils s’étaient fait passer pour des travailleurs sociaux avec un faux document à en-tête du ministère de la justice. Une « alerte enlèvement » avait rapidement été diffusée, et d’importants moyens policiers, en France et dans plusieurs pays frontaliers, ont permis de la retrouver dimanche matin. La mère de la fillette ainsi qu’un ressortissant français surnommé Roméo l’ayant aidée en Suisse sont toujours en détention dans le canton de Vaud, dans l’attente d’une procédure d’extradition.
« Etat totalitaire sanitaire »
Au total, cinq hommes sont à ce stade mis en examen pour « enlèvement en bande organisée d’une mineure de (moins de) 15 ans et association de malfaiteurs ». Quatre d’entre eux ont été placés en détention provisoire.
Agés de 23 à 60 ans, ils sont liés par une même « communauté d’idées complotistes », explique le procureur de la République de Nancy. Jeannot, Pitchoune, le Corbeau, Bruno, Bouga… Sous ces pseudonymes, ces hommes, qui se sont rencontrés sur les réseaux sociaux, dénoncent tour à tour le placement des enfants sous décision judiciaire qu’ils considèrent comme abusif et appellent à les libérer – contre un complot pédocriminel d’Etat, pensent certains. Ils refusent les mesures prises par un « Etat totalitaire sanitaire », vaccination en tête… Un faux certificat médical a notamment été retrouvé au domicile de l’un des suspects afin d’échapper à la vaccination si celle-ci devenait obligatoire.
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