
Il était le doyen des amoureux du vélo et peut-être l’un de ses meilleurs promoteurs. Cycliste centenaire spécialiste des records de vitesse, Robert Marchand est mort à l’âge de 109 ans, a annoncé samedi 22 mai Charlotte Blandiot-Faride, la maire de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), où il vivait une paisible retraite.
« C’est avec une énorme tristesse que nous apprenons la disparition de notre ami, camarade et champion Robert Marchand à l’âge de 109 ans. Repose en paix mon ami et merci pour tous les rêves que tu as fait vivre ! », a écrit Mme Blandiot-Faride, la maire communiste (PCF) de Mitry-Mory, dans un message sur Facebook.
Né le 26 novembre 1911 à Amiens, Robert Marchand a vécu sa vie comme une épopée. Après avoir renoncé, dans sa jeunesse, à une carrière de cycliste professionnel, il a vécu au Venezuela, en Italie, au Canada et a exercé divers métiers : sapeur-pompier, maraîcher, marchand de vin ou planteur de canne à sucre.
La célébrité est arrivée sur le tard, quand, la soixantaine passée, il a renfourché sa bécane, en tant que cycliste amateur. Devenue une véritable mascotte, il a enchaîné les records à un âge avancé : record de l’heure des plus de 100 ans, puis des plus de 105 ans, titre de champion du monde de cyclisme sur route des plus de 105 ans, sous le maillot jaune et violet de l’Ardéchoise, course locale très populaire.
Une vie d’engagements et de modération
Le 4 janvier 2017, pour son record inédit dans la catégorie des plus de 105 ans – catégorie d’âge créée spécialement pour lui –, sa notoriété avait convaincu certaines chaînes de télévision de diffuser en direct ses 92 tours de piste au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines. Il avait établi son record en parcourant 22,547 kilomètres en une heure.
Le lendemain, lors d’une séance photo au siège parisien de l’Agence France-Presse (AFP), le centenaire parvenait encore à porter son vélo sur une épaule. Et répétait son mantra : « A mon âge, il faut jamais arrêter. Si vous arrêtez, vous êtes foutu. »
Robert Marchand avait conservé une saine hygiène de vie, faisant des exercices d’assouplissement quotidiens, probablement l’un des secrets de sa longévité. Plus célèbre licencié du club des Cyclos mitryens, il s’entraînait surtout dans son modeste studio, sur son vélo d’appartement, pour échapper aux frimas et au trafic routier – sa perte d’audition rendant les sorties extérieures périlleuses.
L’homme, reconnaissable à sa carrure menue, son 1,50 mètre et son rire communicatif, a également été engagé sa vie durant au Parti communiste français et à la CGT. « C’est un homme qui a traversé le temps », a salué la maire de Mitry-Mory, louant un doyen « très investi, militant communiste, qui a contribué à faire connaître la ville ». Interrogé alors sur le secret de sa longévité, le Français, qui a connu les deux guerres mondiales, avait prôné la modération : « Le secret, c’est d’user de tout et abuser de rien. »
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