A la barre, ils se sont défendus d’être des « ripoux », des flics pourris, corrompus. Sept des dix-huit policiers de la brigade anticriminalité (BAC) des quartiers nord de Marseille poursuivis pour des vols de drogue ou d’argent ont été relaxés, jeudi 22 avril. Les onze autres se sont vu infliger des peines de deux mois à un an de prison avec sursis. « Le tribunal a pu constater d’importants et graves dysfonctionnements » au sein de ce service, a fait valoir la présidente du tribunal correctionnel de Marseille en rendant son jugement.

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Les prévenus, dont quinze font toujours partie des forces de l’ordre, ont ensuite quitté les lieux sous les applaudissements de nombreux de leurs collègues, mais aussi du sénateur du Rassemblement national (RN) des Bouches-du-Rhône, Stéphane Ravier.
Le parquet, qui avait requis la peine minimale d’un an avec sursis contre cinq prévenus, avait quant à lui déploré l’image « redoutable » et « pas glorifiante » de la police renvoyée dans ce dossier. Il y a neuf ans, lorsque l’affaire a éclaté, le procureur de Marseille d’alors, Jacques Dallest, avait évoqué une « gangrène », accusant les policiers de la BAC Nord de « se payer sur la bête » et de « prélever leur dîme » auprès de certains des dealeurs et revendeurs de cigarettes de contrebande qu’ils contrôlaient.
« La politique du chiffre »
Au cours du procès, les fonctionnaires ont été longuement interrogés à propos de discussions enregistrées pendant six mois, en 2012, par la « police des polices » (Inspection générale de la Police nationale, IGPN) avec la « sonorisation » de leurs véhicules et la mise sur écoute de leurs bureaux, où ils se vantaient d’avoir profité d’interpellations pour récupérer de l’argent ou encore des stupéfiants.
A la barre, les prévenus ont expliqué que la résine de cannabis et la liasse de billets retrouvées dans leur vestiaire étaient destinées à rémunérer des indicateurs, de même que les vingt-trois barrettes de « shit » retrouvées au domicile de l’un d’eux.
Questionnés sur leurs nombreuses interpellations liées au trafic de drogue, alors que les consignes de la hiérarchie étaient de se concentrer sur les vols à l’arraché et les atteintes aux personnes, les fonctionnaires ont mis en cause la « politique du chiffre ». Cette BAC se targuait alors d’être la meilleure de France, avec plus de 4 000 interpellations par an.
Avant ce procès pénal, trois des dix-huit prévenus avaient déjà été révoqués, à la suite de l’enquête de l’IGPN. Les quinze autres s’étaient vu infliger des peines d’exclusions temporaires ou de blâmes. Depuis, l’un d’eux a même retrouvé un poste à la BAC Nord.
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